Obsession du détail et bonne nouvelle 8 juillet, 2010
Posté par estermann dans : Lire tout le journal,post-prod , ajouter un commentaireUne très belle musique de Bach. Les noms défilent sur un fond noir. Un générique provisoire.
- Tu en penses quoi? demande Lévon, le réalisateur.
- Trop triste, répond Boris, le producteur.
Nicolas le monteur image, Claire la monteuse son, Jennifer la productrice, ils sont tous d’accord.
- Je l’aimais bien, constate tristement Lévon, n’ayant aucun argument pour faire face.
- Scarlatti?
- Trop mou.
- Et cet autre morceau admirable de Bach !
- Trop typé.
- Alors il ne reste que Schubert.
- On le prend. Mais lequel?
Ce choix crucial, douloureux a pris une semaine entière. Lévon et Boris ont écouté des centaines de morceaux, sonates, préludes, concertos pour piano solo. Ce qui a donné lieu ensuite à une partie de ping pong musical entre le réalisateur et le producteur, les fichiers ont été envoyés sans répit d’un ordinateur à l’autre par la magie du Net.
Et tout ce travail soigneux de sélection pour la minute du générique de fin, pendant laquelle, je sais bien cher spectateur que vous allez rallumer vos portables, farfouiller dans vos sacs, remettre vos manteaux en pensant à ce que vous allez faire en sortant de la salle de projection et vous n’écouterez que d’une oreille distraite cette ultime musique sélectionnée avec passion.
Le téléphone du réalisateur sonne. Il répond, légèrement désabusé, cela fait trois semaines que le film n’avance pas.
- J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle, dit Boris, je commence par laquelle?
- La bonne, répond Lévon, c’est déjà tellement difficile en ce moment.
- La bonne, le film est sélectionné à Clermont.
- Génial, et la mauvaise?
- On est obligé de finir le film et on n’a plus un rond.
- « Titanic » a eu des problèmes de trésorerie aussi.
- Nous, c’est « Le Piano ».